Est-il dans les buissons de si charmantes fleurs ?
Et lorsqu'au vent d'automne elles s'envolent toutes,
Pourquoi les voir partir d'un œil momifié de pleurs ?
Si la vie est le but, pourquoi donc sur les routes
Tant de pierres dans l'herbe et d'épines aux fleurs,
Que, pendant le voyage, hélas ! nous devons toutes
Tacher de notre sang et mouiller de nos pleurs ?
Louise Bertin
Louise-Angélique Bertin, dite Louise Bertin née le 15
janvier 1805 à Roches (hameau de Bièvres dans l’Essonne) et morte
le 26 avril 1877 à Paris est une poétesse et compositrice française.
Infirme suite à une poliomyélite qui lui interdit toute
activité physique (elle se déplace avec des béquilles), Louise
Bertin trouvera un épanouissement salutaire dans les arts. Sans doute plus
chanceuse que nombre d’autres jeunes femmes de son époque, elle est
la fille de Louis-François Bertin (directeur du Journal des débats, très engagé
politiquement et artistiquement) et de Geneviève-Aimée-Victoire Boutard
(pianiste émérite), qui s’assureront l’un et l’autre de l’éducation artistique
de leur fille – qui se consacre notamment à la peinture, à la poésie, mais
aussi à la musique.
La jeune Louise Bertin évolue donc dans un milieu
artistique (elle côtoie notamment Hector Berlioz, feuilletoniste pour le
Journal des débats et proche de la famille Bertin), et suit les cours de chant
et de composition de François-Joseph Fétis et d’Antoine Reicha.
Louise Bertin signe ainsi plusieurs œuvres musicales,
incluant quatre opéras composés avec ou d'après les figures littéraires de
l’époque et qui seront donnés dans les principales maisons lyriques parisiennes
du XIXe siècle.
Ainsi, si Guy Mannering ne connaitra qu’une
création privée en 1825, Le Loup-garou (opéra-comique sur des paroles
d'Eugène Scribe) qui sera créé en 1827 à l’Opéra-Comique, Fausto qui
puise son inspiration chez Goethe suivra en 1831 au Théâtre-Italien de Paris
et La Esmeralda (sur un livret de Victor Hugo qui adapte Notre
Dame de Paris) fera l’objet d’une création houleuse en 1836 avec Cornélie
Falcon dans le rôle-titre à l’Académie royale de musique (l’Opéra de Paris).
L’ouvrage est vilipendé par un public et une critique qui ciblent néanmoins
davantage les engagements politiques de Louis-François Bertin et de Victor Hugo
que la musique de la compositrice – dans ses mémoires, Berlioz (qui assurait
les répétitions et la mise en scène de l’ouvrage) fait état « des
sifflets, des cris, des huées, dont on n’avait encore jamais vu
d’exemple » adressé à l’opéra, considérant néanmoins que « le seul
tort (de la compositrice) était d’appartenir à la famille des directeurs d’un
journal puissant, dont un certain public détestait alors la tendance
politique ».
Le compositeur estime cependant que « l’opéra survole
largement les productions lyriques de l’époque », mais la seconde
représentation de La Esmeralda dû être interrompue avant son terme.
L’opéra ne sera joué qu’à six reprises avant d’être retiré de l’affiche
et Louise Bertin renonce alors à composer pour la scène.
Le répertoire de Louise Bertin est néanmoins
redécouvert, notamment au XXIe siècle à l’initiative du Palazzetto Bru
Zane. Fausto sera notamment donné au Théâtre des Champs-Elysées en
2023 avec Karine Deshayes et Karine Gauvin. La Esmeralda est
également redécouverte en 2008 à Montpellier où l’ouvrage fait l’objet d’un
enregistrement avec Maya Boog dans le rôle-titre, avant d’être donné de nouveau
en 2024 au Théâtre des Bouffes du Nord, à l’Opéra de Saint Etienne et à l’Opéra
Grand Avignon.
