Dernières Publications

samedi 27 décembre 2025

L'imagination et le Bonheur


Fable Allégorique.




L’Imagination, amante du Bonheur,
Sans cesse le désire et sans cesse l’appelle ;
Mais sur elle il exerce une extrême rigueur,
Et, fait pour ses désirs, il est peu fait pour elle.
Dans sa tendre jeunesse elle alla le chercher
Jusque dans l’amoureux empire ;
Mais lorsque du Bonheur elle crut approcher,
Le Soupçon, le jaloux Martyre,
La Délicatesse encor pire,
Soudain à ses transports le vinrent arracher.
Dans un âge plus mûr, du même objet charmée,
Au palais de l’Ambition
Elle crut satisfaire encor sa passion ;
Mais elle n’y trouva qu’une ombre, une fumée,
Fantôme du bonheur et pure illusion.
Enfin, dans le pays qu’habite la Richesse,
Séjour agréable et charmant,

Elle va demander son fugitif amant ;
Elle y vit l’Abondance, elle y vit la Mollesse,
Avec le Plaisir enchanteur ;
Il n’y manquoit que le Bonheur.
La voilà donc encor qui cherche et se promène.
Lasse des grands chemins, elle trouve à l’écart
Un sentier peu battu qu’on découvroit à peine.
Une beauté simple et sans art
Du lieu presque désert étoit la souveraine ;
C’étoit la Piété. Là, notre amante en pleurs
Lui raconta son aventure :
Il ne tiendra qu’à vous de finir vos malheurs ;
Vous verrez le Bonheur, c’est moi qui vous l’assure,
Lui dit la fille sainte ; il faut, pour l’attirer,
Demeurer avec moi, s’il se peut, sans l’attendre,
Sans le chercher, au moins, sans trop le désirer :
Il arrive aussitôt qu’on cesse d’y prétendre,
Ou que, dans sa recherche, on sait se modérer.
L’Imagination à l’avis sut se rendre :
Le Bonheur vint sans différer.

Catherine Bernard

1663 - 1712

Date/Lieu de naissance : 24 août 1663, Rouen, France
Date de décès : 6 septembre 1712, Paris, France

Catherine Bernard, dite Mademoiselle Bernard, née à Rouen le 24 août 1663 et morte à Paris le 6 septembre 1712, est une poétesse, romancière et dramaturge française. Elle est la première femme à composer une tragédie jouée à la Comédie-Française.

Elle est la première femme à composer une tragédie jouée à la Comédie Française (plusieurs autrices furent jouées au Théâtre Français ou à l'Hôtel de Bourgogne, avant la réunion des théâtres sous l'appellation de Comédie-Française, et Mlle Pitel de Longchamps y donna en 1687 une farce intitulée Le Voleur ou Titapapouf). Elle s'inscrit dans la seconde vague du courant littéraire de la Précosité, aux côtés de Mlle L'Héritier ou de Mme d'Aulnoy ses contemporaines.

L'œuvre de Catherine Bernard a été abondamment plagiée mais aussi volontairement oubliée, au point que des chercheurs ont pu parler à son sujet d''effacement, un traitement d'ailleurs infligé à d'autres autrices.

Née dans une famille protestante, elle s'installe à Paris avant l’âge de dix-sept ans. On a prétendu, notamment Voltaire dans le contexte du plagiat de son œuvre et alors qu'il n'en existe aucune preuve, qu'elle était proche de l'écrivain Fontenelle et du dramaturge Jacques Pradon. Elle publie son premier roman en 1680. Elle se convertit au catholicisme avant 1685, date de la révocation de l'édit de Nantes. C'est aussi la date de la rupture avec sa famille protestante. Dès lors Catherine Bernard vit de sa plume et se consacre entièrement à l'écriture. Elle compose deux tragédies, Laodamie et Brustus, qui sont représentées à la Comédie-Française, en 1689 et en 1691, qui représentent les meilleurs succès théâtraux de la fin du siècle.

Elle est couronnée par l’Académie française en 1691, 1693 et 1697 et obtient trois prix aux Jeux floraux de Toulouse. À partir de 1691, le roi Louis XIV lui fait verser une pension annuelle de 200 écus. Elle fréquente le salon de Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon, nièce de Charles Perrault. Avec Riquet à la houppe et Le Prince rosier, elle est l'une des premières à créer des contes de fées, participant ainsi au renouvellement de ce genre littéraire. En 1699, elle fait partie de l’Académie des Ricovrati de Padoue, sous le nom de Calliope, l'Invincible. Elle cesse ensuite d'écrire pour le théâtre, sans doute à la demande de Madame de Pontchartrain, sa mécène. Elle abandonne toute activité publique. Elle continue cependant d'écrire des vers qu'elle ne publie pas.

Elle meurt dans la pauvreté en 1712. Selon son testament, elle lègue ses biens à son domestique.

"Défendre d'aimer à une jeune et jolie personne,
ce serait défendre à un arbre de porter des feuilles au mois de mai"

Source : Wikipédia

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Soyez Bénis