Pensant à lui,
Je me suis endormie
Et l’ai vu apparaitre
Si j’avais su que ce n’était qu’un rêve,
Je n’aurais jamais dû me réveiller.
✾✾✾
Je suis si seul
Mon corps est une herbe flottante
Coupée à la racine.
S’il y avait de l’eau pour me séduire,
je la suivrais, je pense.
✾✾✾
Comment
invisiblement
elle change de couleur
dans ce monde,
la fleur
du cœur humain.
✾✾✾
Les coloris des
fleurs
ont bel et bien passé
En pure perte
ma vie coule en ce monde
dans le temps d’une longue averse
✾✾✾
Les fleurs
fanées
Leur couleur s’est estompée,
Alors que sans signification
Je passais mes journées à ruminer,
Et les longues pluies tombaient.
✾✾✾
Ono no Komachi
Nationalité : Japon
Né(e) le : vers 825
Mort(e) le : vers +/- 900
Le destin d’Ono no Komachi, poétesse immortelle du Japon
Parmi les femmes importantes ayant marqué l’histoire du Japon, existe une poétesse dont l’influence a traversé les siècles, afin de nous enivrer de son art subtil et délicat, empreint à la fois de mélancolie, mais aussi d’érotisme. Considérée comme l’une des Rokkasen (六歌仙), à savoir les six poètes dont l’œuvre restera immortelle pour les Japonais qui évoluèrent tous à la même période, autour du IXeme siècle durant l’ère Heian (平安時代, Heian-jidai, 794-1185). C’est précisément à cette époque que la poésie japonaise prendra une nouvelle tournure avec l’apparition des Waka (和歌), et de sous-genre le Tanka (短歌), dont l’œuvre d’Ono no Komachi reste à l’heure actuelle l’une des plus emblématiques.
Sa naissance se situerait aux alentours de 820-830 après J.-C. dans l’actuelle préfecture d’Akita, dans le nord du Japon. Les légendes louent sa beauté que l’on disait exceptionnelle. Jusqu’à notre époque, il est dit au Japon que de tout l’archipel, ce sont les femmes d’Akita les plus belles, au point d’avoir même un terme pour les décrire : les « Akita bijin » (秋田美人) caractérisées par leurs visages ronds, leurs voix aiguës et leur peau claire, qui nous, le rappelons, est un véritable synonyme de beauté sous ces latitudes à l’époque, en attestent les nombreuses jeunes femmes porteuses d’ombrelles dépeintes dans les Ukiyo-e antiques et dont vous pouvez même encore croiser le chemin aujourd’hui. Notre poétesse du jour pourrait bien en être l’ambassadrice.
La légende l’entourant lui confère une armée de courtisans, tentant de s’arracher le cœur de la belle lettrée, qu’elle n’hésitait pas à malmener plus ou moins au gré de ses désirs. L’histoire la plus connue est celle de Fukakusa no Shōshō, un courtisan de haut rang tombé éperdument amoureux d’Ono no Komachi. Mais celle-ci, bien qu’à son tour charmée par le beau et vigoureux jeune homme, lui proposa un défi auquel il devrait se tenir sans faillir afin d’obtenir le privilège de devenir son amant : celui-ci devait venir lui rendre visite durant 100 nuits, sans jamais discontinuer et ce qu’il pleuve, qu’il neige où qu’il vente. Évidemment, sans jamais poser les mains sur elle, au risque de tout perdre. Conquérir une si élégante dame ne doit pas être tâche facile !
Et voici que notre prétendant s’attelle minutieusement à ses travaux Herculéens durant des jours et des nuits, sans jamais faillir à sa promesse ! Mais les choses n’allaient pas se passer comme dans un conte de fées. Par un malheureux jeu du sort, lors de la 99e nuit, le destin frappa notre amoureux éperdu. Ses escapades nocturnes, pour aller conter ritournelle à sa belle au si doux regard, se soldèrent par sa mort aussi tragique que soudaine, enseveli sous la neige.
On dit que la poétesse ne se serait jamais remise de cette perte atroce. Peut-être même ce cœur brisé alimenta son talent pour l’écriture. Cette histoire est rapportée dans une pièce de Nō s’intitulant « Kayoi Komachi »(通小町). Un classique japonais.
La légende raconte qu’elle mourut à un âge très avancé, autour des cent ans. Comme une punition pour son comportement odieux envers ses courtisans, Ono no Komachi eut à subir durement les affres de la vieillesse et la décrépitude de sa beauté s’évanouissant au gré des saisons et du temps passant inexorablement. Elle aurait fini ses jours, errante en guenille, demandant l’aumône par ci, par-là, mais surtout moquée de tous ceux qui croisaient cette pathétique vieille dame errante autrefois si vaniteuse. Ceux-là ne savaient donc t’ils pas qu’ils se moquaient d’une future légende ?
Le Tanka est caractérisé par ses règles très strictes : il se construit traditionnellement sur 5 lignes, suivant une structure en 31 syllabes ou sons, séparés d’une première partie en tercets (2 vers) en 5-7-5 syllabes (17 mores), et d’une deuxième, diptyque (2 vers) en 7-7 syllabes (14 mores), qui peuvent dans certains cas être inversés. Enfin, le tout suit une logique d’expression extrêmement codifiée : la première partie pose le contexte, et la deuxième exprime le ressenti du poète, bien que cette règle peut être transgressée ponctuellement.
Source ; https://japanization.org/
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