lundi 3 février 2025

Tels sont mes Dieux !


Ne le crois pas, Cyrille ! Ils vivent dans mon cœur,
Non tels que tu les vois, vêtus de formes vaines,
Subissant dans le Ciel les passions humaines,
Adorés du vulgaire et dignes de mépris ;
Mais tels que les ont vus de sublimes esprits :
Dans l’espace étoilé n’ayant point de demeures,
Forces de l’univers, Vertus intérieures,
De la terre et du ciel concours harmonieux
Qui charme la pensée et l’oreille et les yeux,
Et qui donne, idéal aux sages accessible,
À la beauté de l’âme une splendeur visible.
Tels sont mes Dieux ! Qu’un siècle ingrat s’écarte d’eux,
Je ne les puis trahir puisqu’ils sont malheureux.
Je le sens, je le sais : voici les heures sombres,
Les jours marqués dans l’ordre impérieux des Nombres.
Aveugle à notre gloire et prodigue d’affronts,
Le temps injurieux découronne nos fronts ;
Et, dans l’orgueil récent de sa haute fortune,
L’Avenir n’entend plus la voix qui l’importune.
Ô Rois harmonieux, chefs de l’Esprit humain,
Vous qui portiez la lyre et la balance en main,
Il est venu, Celui qu’annonçaient vos présages,
Celui que contenaient les visions des sages,
L’expiateur promis dont Eschyle a parlé !
Au sortir du sépulcre et de sang maculé,
L’arbre de son supplice à l’épaule, il se lève ;
Il offre à l’univers ou sa croix ou le glaive,
Il venge le Barbare écarté des autels,
Et jonche vos parvis de membres immortels !
Mais je garantirai des atteintes grossières
Jusqu’au dernier soupir vos pieuses poussières,
Heureuse si, planant sur les jours à venir,
Votre immortalité sauve mon souvenir.
Salut, ô Rois d’Hellas ! — Adieu, noble Cyrille !

Hypatia d'Alexandrie

’Hypatia croie au monde des intelligences divines
et à la beauté naturelle de l’Univers.



Originaire d'Alexandrie, 350 ou 370 - 415 CE, Hypatia a été, dans l'Antiquité tardive, écrivaine sur les sciences et les mathématiques, ainsi qu'inventrice et enseignante.

Elle « vivait à une époque de bouleversement culturel située entre 350 et 370 et a enseigné et exercé une influence depuis 380/385 . Fille du célèbre érudit Théon d’Alexandrie, éditeur et commentateur de textes mathématiques et astronomiques (Euclide, Ptolémée), Hypatia a été formée aux disciplines du quadrivium (arithmétique, géométrie, musique, astronomie), selon les préceptes de l’école pythagoricienne, principale source des sciences et de la philosophie antiques. Les renseignements la concernant sont pour la plupart fragmentaires. »

Hypatia est célèbre par sa science et son éloquence autant que par sa beauté ; elle est reconnue par ses contemporains, admirateurs ou détracteurs, comme une grande "philosophe néoplatonicienne", qui aime expliquer et commenter les grands maîtres, Platon et Aristote.

Le poète Palladas, dans l’une de ses épigrammes, l’honore à l’égal d’une divinité :

« Lorsque je porte mon regard sur toi et tes paroles, je m’incline,
Puisque c’est la demeure céleste de la Vierge que je vois.
Car tes préoccupations sont dirigées vers les cieux.
Vénérée Hypatia, toi qui personnifies la beauté du raisonnement
Étoile immaculée de la sage connaissance. »

L’enseignement d’Hypatia est essentiellement oral, comme pour tous les grands philosophes de l’Antiquité mais on sait aussi qu’Hypatia a dû composer divers écrits théoriques, dont il ne reste aujourd’hui pas de trace. On note toutefois que son père Théon lui rend hommage comme "collaboratrice" dans la préface de l’un de ses ouvrages.

On ne sait rien de la vie privée d’Hypatia, si ce n’est qu’elle ne s’est pas mariée.
Elle fut tuée par une foule incitée par un évêque chrétien; la bibliothèque contenant ses écrits a été détruite par les conquérants arabes.

dimanche 29 décembre 2024

Peinture & Poésie

"La peinture est une poésie muette
et la poésie une peinture parlante."


Marie-Philippe Commetti


samedi 7 décembre 2024

Balades de Li Qingzhao

 



"La nuit dernière, la pluie était fine et le vent violent,

Un profond sommeil n'a pas dispersé un reste d'ivresse.

Je demande à ma servante d'enrouler le rideau,

Elle me dit que le pommier d'amour est comme avant.

En es-tu sûre ?

En es-tu sûre ?

C'est obligé : quand le vent prospère, le rouge s'efface."


"De la neige encore ! Et pourtant je sais 

Que le printemps est déjà là. 

Les fins rameaux du prunier 

S'ornent de boutons veloutés 

Couleur jade. 

A peine éclos, odorants, gracieux, 

Au milieu du jardin, 

Ils luisent comme des belles 

Qui sortent toutes fraîches

 De leur bain."

"Au ciel, le Créateur, 

Peut-être à dessein, 

A prié la lune de briller 

D'un éclat fastueux. 

Remplissons nos calices d'or 

Jusqu'au bord 

De ce vin nouveau 

Et buvons sans crainte 

De nous enivrer

Car ce soir nous célébrons 

La plus belle des fleurs."

"Un oiseau d'or brille

Dans ma haute chevelure. 

Mes sourcils se froncent

Dans la brume légère du printemps. 

La beauté du lotus s'étiole 

Dans le pavillon embaumé. 

Sur le dessin du paravent s'estompent 

Les chaînes étagées des montagnes."

"L'arrivée de l'aube glace 

Le rebord de la fenêtre. 

La boucle en forme de cœur 

Sur ma taille 

Reste fermée. 

Mes larmes, emportant le fard,  

Ont taché la soie de ma robe. 

Mon amour, quand seras-tu de retour ?" 


Li Qingzhao


Nationalité : Chinoise

Date/Lieu de naissance : 13 mars 1084, QI Préfecture

Date de décès : 12 mai 1155, Xian de Lin'an

Li Qingzhao, née en 1084 dans le Shandong et morte vers 1155, est une poétesse chinoise de l’époque de la dynastie Song. Elle est considérée comme l'un des maîtres du poème chanté ci.

Li Qingzhao est une poétesse chinoise de l’époque de la dynastie Song. Elle est considérée comme l'un des maîtres du poème chanté ci.

Li Qingzhao est l'auteur de soixante poèmes chantés (ci), de dix-neuf poèmes classiques (shi) et de deux fu. Au travers de son œuvre poétique, toute consacrée à son mari, et notamment à son souvenir après la mort de celui-ci, Li Qingzhao est l'image même du personnage de la veuve inconsolable. Son désespoir a fait de Li Qingzhao l'un des plus grands poètes des Song 

« La biographie de la poétesse Li Qingzhao (李清照) n'est pas seulement fascinante d'un point de vue individuel. Elle se fait aussi l'écho de la destinée collective. Depuis sa jeunesse émancipée, jusqu'à l'issue tragique de son histoire d'amour improbable, en passant par la maturation de sa production artistique, ce sont en effet tous les épisodes de sa vie (1084-1155 ?) qui s'enchevêtrent avec l'acmé puis la chute de la brillante dynastie des Song du nord. En ce sens, la puissance d'évocation des vers de Li Qingzhao nous offre le miroir d'une civilisation splendide prise dans la tourmente de l'histoire. » Arnaud Rosset


Soyez Bénis