Amour
Ἅδιον οὐδὲν ἔρωτος· ἃ δ' ὄλβια, δεύτερα πάντα
ἐστίν· ἀπὸ στόματος δ' ἔπτυσα καὶ τὸ μέλι.
τοῦτο λέγει Νοσσίς· τίνα δ' ἁ Κύπρις οὐκ ἐφίλησεν,
οὐκ οἶδεν τήνα γ', ἄνθεα ποῖα ῥόδα.
L’amour est chose la plus douce,
L’amour passe tous les bonheurs,
Le miel est moins doux dans ma bouche.
Ainsi dit Nossis en son cœur.
Ah ! qui n’a pas, ô toi beauté,
Connu le goût de tes baisers,
Ignore le prix de tes fleurs.
Prière
Ἥρα τιμήεσσα, Λακίνιον ἃ τὸ θυῶδες
πολλάκις οὐρανόθεν νεισομένα καθορῇς,
δέξαι βύσσινον εἷμα, τό τοι μετὰ παιδὸς ἀγαυὰ
Νοσσίδος ὕφανεν Θευφιλὶς ἁ Κλεόχας.
Héra, vénérable déesse,
Qui vient si souvent jeter du haut du ciel
Un regard sur ton temple parfumé de Likinion,
Daigne agréer ce vêtement de lin,
Qu’avec sa fille Nossis
A tissé pour toi la noble Théophilis,
Fille de Kléocha.
Epitaphe
Καὶ καπυρὸν γελάσας παραμείβεο καὶ φίλον εἰπὼν
ῥῆμ' ἐπ' ἐμοί. Ῥίνθων εἴμ' ὁ Συρακόσιος,
Μουσάων ὀλίγη τις ἀηδονίς· ἀλλὰ φλυάκων
ἐκ τραγικῶν ἴδιον κισσὸν ἐδρεψάμεθα.
Un rire qui fuse au passage,
Et dis que moi une parole amie.
Je suis Rhintôn de Syracuse,
Un petit rossignol des Muses ;
Aux parodies tragiques
Nous avons cueilli notre lierre.
Nous avons cueilli notre lierre.
Nossis
(3° S. avant JC)
(1) Le "baiser de Cupidon et Psyché", sculpture de l'Italien Antonio Canova
(2) The Veiled Virgin by Giovanni Strazza
(3) Cross my heart and hope to die
Nossis (grec ancien Νοσσίς)
Locres Épizéphyrienne IIIe siècle av. J.-C.
Nossis (3° s. avant JC) est une poétesse grecque originaire de Locres dans le Bruttrium, en grande Grèce, qui est devenue la région de Calabre en Italie.
Native de la colonie dorienne de l’Italie du Sud, Nossis est une poétesse contemporaine d’Anyté* et comme elle auteure d’épigrammes, écrites non pour être inscrites sur des pierres tombales ou sur des offrandes votives, mais plutôt à des fins littéraires, à savoir pour la publication dans un volume de recueil.
Considérée par Méléagre de Gadara (IIe-Ier siècle av. J.-C.) comme une des neuf poétesses lyriques de l’époque hellénistique, elle occupe une place de premier plan dans le panorama littéraire du temps ; dans le canon établi par l’épigrammatiste Antipater, elle est présentée comme une poétesse « aux accents féminins » (thelyglossos, IX, 26), non pas tant en raison de sa voix douce, mais plutôt parce qu’elle s’inscrit dans une tradition de poésie féminine, apparemment bien ancrée dans sa ville, qui reflète un monde dominé par des figures de femmes (Nossis mentionne sa fille, sa mère, ses amies) et de déesses (Aphrodite, tout d’abord, mais aussi Artémis, Héra et les Muses).
Comme Sappho, Nossis se met plusieurs fois en scène et donne un tour personnel à ses poèmes, se faisant passer pour une adepte du culte d’Aphrodite. D’ailleurs, elle ne manque pas de rendre hommage à la célèbre poétesse de Lesbos. Sûre de l’amour que lui portent les Muses et du fait que son nom triomphera de l’oubli, Nossis, dans une épigramme funéraire qui se présente comme une épitaphe autographe (VII, 718), se réclame explicitement de son modèle et lie son propre sort à celui de Sappho, soulignant l’identité d’inspiration qui les lie toutes deux, poétesses chères aux Muses.
En effet, les sources anciennes lui attribuaient surtout une veine amoureuse.
Toutefois, des 12 épigrammes conservées, une seule chante l’amour, « la chose la plus douce », qui « passe tous les bonheurs » (Anth. pal., V, 170), sorte de manifeste de son univers poétique et de son imaginaire, qui dans l’évocation des roses, du miel et d’Aphrodite rappelle de près la prière à Aphrodite de Sappho. Les autres, pleines de grâce et d’élégance, sont des dédicaces aux dieux, des épitaphes, des prières, des éloges ou des descriptions d’objets (ekphraseis, Anth. pal., VI, 275 ; IX, 332 et 605).
Nossis évoque d’un ton sensuel ses rêves voluptueux et les délices de l’amour, exalte souvent la beauté féminine (Anth. pal., VI, 275 et 354 ; IX, 332, 604 et 605), comme celle de sa fille Mélinna qui lui ressemble (VI, 353), et dans une épigramme funéraire fictive (épitymbe) elle exprime son affectueuse admiration pour le poète Rhinthon de Syracuse (VII, 414), inventeur de l’hilarotragédie.
L’opinion voulait que Nossis fût une hetaira, ce qui n’est guère compatible avec sa prétention affichée (dans une offrande à Héra, Anth. pal., VI, 265) de descendre d’une noble lignée. Ailleurs, elle évoque avec fierté un événement historique lié à sa ville, la reconquête de Crotone par les Locriens (en 301 av. J.-C.), hommage d’une aristocrate à ses compatriotes pour leur victoire contre les indigènes Bruttiens (Anth. pal., VI, 132).
Comme dans le cas de son modèle Sappho, on s’est appuyé sur ses poèmes, empreints de sincérité dans l’expression des sentiments amoureux, pour échafauder des hypothèses biographiques sans fondement. Sa réputation de poétesse de l’éros est attestée également dans un Mimiambe du poète comique Hérondas (IIIe siècle av. J.-C.), qui se moque d’elle en lui prêtant la possession d’un godemiché en cuir (VI, 20-36).
On lui attribuait en outre des chants licencieux dans le style de la chanson locrienne, qui mettait au premier plan la thématique des deux amants déplorant l’approche du jour, qui les contraint à se séparer après leur furtive et trop brève rencontre nocturne. Nossis avait composé également des poésies lyriques (l’épigramme VII, 414 la qualifie de melopoios), mais elles sont entièrement perdues, si bien que pour nous le seul auteur certain de chants locriens, aismata lokrikà kai mele, dans le style de la chanson d’aube, est Théano de Locres, désignée comme poétesse lyriké par le lexique byzantin de la Souda (Anth. pal., V, 283).
Source ; Marella NAPPI ~ https://www.dictionnaire-creatrices.com/fiche-nossis
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